Jacques Boone



Un aventurier au paradis des Saintes



Article de presse paru dans la revue belge.

« LE SOIR ILLUSTRÉ »
Après avoir parcouru mers et océans, exercé tout les métiers, de chercheur d’or à constructeur de cercueils, construit un bateau en pleine jungle, fait de la contrebande, Jacques Boone s’est fixé dans l’île des Saintes en Guadeloupe…

Une chose est sûre : la vie de Jacques Boone ne ressemble à aucune autre. Et sûrement pas à la notre. Pas de « métro, boulot, dodo » pour notre homme. Ni de « home sweet home », ni d’épouse fidèle, ni d’enfants (c)rieurs. Pas de contrôle fiscal, ni d’été pluvieux. Pas de dîner de Noël en famille. Rien ! Nada ! Niente ! Par contre, dans la vie de ce français de Lille, il y eut l’aventure africaine, la construction d’un bateau, les conquêtes féminines, la révolution camerounaise, la contrebande de whisky, le soleil des Antilles…
C’est en 1951 que le jeune Jacques, 25 ans, bourgeois et fils de bonne famille, part en Afrique. Direction : Cameroun. Objectif : la gestion d’une plantation de café. Explication : « le désir de partir a toujours été le plus fort ».
Un an après avoir été engagé, Jacques Boone achète sa première plantation. Mais l’achat se révèle malheureux ; la propriété délaissée depuis belle lurette est habitée par quelques lépreux. Cela ne découragera pas notre homme. Il engage les lépreux et remet sur pied la propriété. L’exploitation reprend vigueur mais le café se vend mal. Jacques Boone doit exercer d’autres activités pour vivre. Il sera donc minier, chercheur d’or, exploitant forestier, fabricant de cercueils… Mais ces petits métiers, alliés aux difficultés financières et au climat politique qui commence à dégénérer – beaucoup de français quittent alors le Cameroun en proie à la fièvre de la révolution – ravivent un vieux rêve : construire un bateau et naviguer !

Un bateau, un merveilleux bateau, né des arbres de cette Afrique que j’aimais tant ! Là était la seule chose qui pouvait me décider à partir, écrit Jacques Boone dans Viva Binga.
Mais on est alors en pleine forêt et en pleine révolution. Qu’à cela ne tienne, Boone construira un bateau de 10 mètres de long, évitera de justesse son incendie par les révolutionnaires et le fera transporter à travers 550 km de jungle sur le toit d’un vieil autobus. Pour financer le trajet, à chaque halte, il organise des visites payantes. Ainsi, après des semaines de traversée forestière, Jacques Boone et son bateau baptiséLe Binga arrivent à Douala au bord de l’océan.
Commence alors le trafic de whisky dans le golfe de Guinée.
Il faut bien vivre… Après 2 ans, il est interrompu par la brigade des douanes. Le contrebandier se décide enfin à traverser l’Atlantique et accoste au Brésil en 1965. Puis remonte vers les Caraïbes. Quatre ans plus tard, il y aura le naufrage du Binga et le miracle d’en sortir vivant, quoique dépouillé de tout. Jacques Boone a 44 ans et plus un sou vaillant en poche. Il bosse un temps sur les bateaux de croisière, se fait chercheur d’épaves avant de retourner en France.
La famille accueille mal cet homme étrange, habillé comme un sauvage et qui ne rêve que de liberté, de bateaux et d’îles ensoleillées. Bien sûr, il retournera aux Antilles, mais quelques années plus tard, pour y organiser des croisières. Il y exercera encore mille et un métiers farfelus et, enfin, se construira une maison dans l’île des Saintes à côté de la Guadeloupe.

Après avoir créé et accompagné pendant 20 ans le développement de « Boone Vacances », Jacques nous a quitté en juin 2008, il avait 83 ans. Son esprit hante encore le lieu et nous avons toujours plaisir à conter son histoire autour d’un punch et à trinquer à sa mémoire…